DIEGO...

 

Voici donc Diego des Rêves de Lola, mon angora turc préféré, mon petit elfe domestique, l’âme fourrure empanachée de la maison, discrète et légère présence occupant délicatement les lieux.

Ce qui définit le mieux Diego, c’est la délicatesse. Délicatesse des attitudes quand il se met en retrait sagement, bien rangé (cette expression lorsqu’il s’assoit, la queue bien rangée autour de ses pattes) lorsque je suis occupé ou que je mange, celle des sentiments quand il vient me déclarer son affection (à grands coups de museau), celle des gestes du quotidien lorsqu’il prend doucement un morceau de viande que je lui tends (mais qu’il va poser sur la moquette qui n’en peut mais) ou qu’il vient s’installer près de moi pour dormir en prenant mille précautions pour ne pas me déranger (mais en me marchant précautionneusement dessus), celle aussi des mouvements lorsqu’il me donne deux coups de pattes de velours parce que je me suis un peu trop moqué de lui, celle aussi lorsqu’on joue à cache-cache, un de ses jeux préférés, lorsqu’il détale comme un lapin (!) quand je le découvre, tapi derrière une porte à jeter un œil pour voir où j’en suis ce qui fait qu’inévitablement je le trouve et qu’il m’attend un peu plus loin, la queue en panache. Il faut dire que Diego joue à cache-cache non pour gagner, mais pour que je le trouve. Ensuite, il va se cacher derrière le store du salon parce que, ne me voyant pas, il croit que je ne repère pas la bosse que fait le rideau et la silhouette de chat qui se dessine derrière… Ou alors… ou alors, Diego me fait jouer et ça doit l’amuser prodigieusement. C’est ça la délicatesse des chats : c’est de nous laisser ignorer que c'est lui qui joue avec nous.

Mais, Diego c’est aussi la grâce, celle inimitable des chats lorsqu’ils sautent (sauf lorsqu’il rate son saut et s’agrippe désespérément), font leur toilette avec des petits bruits de bouche (et reste une patte en l’air, comme oubliée, parce qu’il a été dérangé), vous regardent en penchant la tête de coté (ce qui a le don de me faire inévitablement éclater de rire, ce qui accentue sa mimique, ce qui accentue mon hilarité, etc.), fixent en faisant la poule un objet qui les intrigue (il balance sa tête d’avant en arrière comme pour mieux accommoder) (ce qui a aussi pour conséquence de déclencher mon hilarité), essaient d’attraper une ombre qui file, sautent indéfiniment sur un moucheron imaginé sur le mur (qui n’est pas un moucheron mais l’œilleton sur la porte), chassent pendant des heures une mouche qui tente désespérément de sauver sa peau, tout ça pour mâchouiller consciencieusement au final quelque chose qui lui a couté une énergie démentielle (et qu’il m’a retourné l’appartement tout aussi consciencieusement), mangent leur nourriture avec des petits bruits de bouche discrets (en parsemant les alentours de morceaux éjectés). Mais Diego c’est aussi une superbe queue en panache qui circule dans l’appartement, frétillante ou simplement ondulante, énervée ou bien rangée et qui décrit bien l’état dans lequel il se trouve. La queue des chats est le baromètre de leur humeur et bien fol est celui qui n’y prête pas assez attention.

J’aime l’affection de mon Diego. Non par égocentrisme ou orgueil, mais parce qu’elle signifie qu’il se sent en confiance, qu’il se sent bien. Ça me rassure. Je me suis toujours demandé si l’affection des chats est intéressée ou gratuite. Étant donné qu’il a tout le confort possible, qu’il ne manque de rien (sauf peut être d’herbe où dégourdir ses pattes et ses sens), on peut supposer que son affection est pure d’arrière pensées que moi seul ai…
Inquiet (le chat) lorsque je quitte l’appartement, je le retrouve en rentrant tout vibrant d’affection et de caresses à tourner dans mes jambes, comme si mon retour effaçait cette aussi longue absence (qui parfois ne dure que quelques minutes). Diego n’aime pas trop se retrouver seul, même si, comme tout chat qui se respecte, lorsqu’il n’a pas à s’occuper il dort. Mais je suis sûr que lorsque je rentre, il sera, plus ou moins vaseux au sortir d’un sommeil tranquille, derrière la porte, bien rangé à m’attendre et prêt à lancer l’opération miaulements désespérés du chat abandonné qui me tisse des fils (liens ?) inextricables autour des jambes. J’ai droit soit aux miaulements du pauvre chat perdu qui ressemblent plus à un roucoulement de pigeon (!) et qui définissent bien l’état lamentable dans lequel il se trouve, soit à des miaulements presque impératifs et réprobateurs. Mais tout ça se termine inévitablement par de longues papouilles qu’il considère comme étant tout à fait normales et dues. Ensuite, rassuré, il vaque à ses occupations et moi je peux vaquer aux miennes…


Attentif. Combien de fois, alors que j’étais occupé à lire sur mon divan, en jetant un coup d’œil sur le coté je découvre mon chaton assis bien rangé et me fixant. Cela fait un bon moment qu’il est là, patient à attendre quelque chose de moi, à m’observer sagement. Il n’y a rien de pire parce que tout soudainement mille suppositions s’entrechoquent dans mon cerveau. Que veut il ? Ai-je oublié quelque chose ? A-t-il besoin de quelque chose ? Que faire ? Quoi faire ? Où, quand, comment ? Heureusement que le mot magique proféré, à savoir « Chaton ! », dénoue l’insoutenable situation, il s’approche de moi, réfléchit quelques secondes (les chats sont un peu lents d’esprit parfois et ils doivent réfléchir avant d’entamer une action) et me saute dessus plein d’amour et d’affection. Et je me retrouve dans la situation précédente avec un chat en plus dans mes bras, ce qui n’est pas toujours pratique pour lire surtout lorsque ledit bestiau se contorsionne pour trouver la meilleure position…

C'est ça Diego... Et encore, il y aurait beaucoup à dire...